À la rencontre des chimpanzés en Ouganda
Un ami photographe nous avait raconté que lorsqu’il avait été à leur rencontre, les chimpanzés étaient restés en haut des arbres et lui jetaient des excréments dessus. Autant dire qu’on n’avait pas de grosses attentes en ce qui concerne cette activité ! Mais souvent dans la vie, ce sont les moments qu’on n’attend pas vraiment qui nous prennent le plus aux tripes. Et en ce qui me concerne, la rencontre avec les chimpanzés de Kibale a été le moment le plus fort de notre séjour en Ouganda.
Le parc national de Kibale
Le parc national de Kibale est surnommé capitale mondiale des primates. Et pour cause, on y trouve pas moins de 13 espèces différentes !
9 espèces diurnes :
Babouin Anubis
Cercopithèque Ascagne
Cercopithèque de l’Hoest
Chimpanzé
Colobe Bai d’Afrique centrale
Colobe Guéréza
Mangabey à joues grises
Singe bleu
Vervet tantale
4 espèces nocturnes :
Galago à lunettes
Galago de Demidoff
Galago de Thomas
Potto
Mais si le parc est une étape obligatoire, c’est parce qu’il abrite 3 populations de chimpanzés dites « habituées à l’Homme ». Deux d’entre elles le sont pour mener des recherches scientifiques, la troisième permet aux touristes (nous !) de venir à leur rencontre. Mais attention, comme pour les gorilles, ce n’est pas parce que les chimpanzés sont « habitués » qu’ils sont pour autant domestiqués. Ils restent avant tout des animaux sauvages, libres et autonomes. La seule différence, c’est que ces individus là n’ont pas peur des êtres humains et les tolèrent autour d’eux : ils ne fuient pas notre présence et vivent leur vie comme si on n’était pas là.
A la rencontre des chimpanzés
Quelques minutes avant le départ
Rendez-vous sur les coups de 8h du matin dans les locaux du parc. On nous assoit dans une petite salle et un ranger vient nous présenter le parc et les règles à suivre pour l’activité de trekking. C’est clair, instructif et même rigolo par moment (quand il nous parle de la « pluie chaude » que les chimpanzés peuvent nous faire tomber dessus). Après un gros quart d’heure de briefing, on nous répartit en différents groupes (de 6 personnes maximum). C’est le moment de passer une dernière fois aux toilettes, parce qu’on va avoir autre chose à faire pendant les prochaines heures !
Pister les chimpanzés
Nous voilà donc partis dans la forêt, nos sacs sur le dos et accompagnés de deux rangers. Après quelques minutes, on s’arrête au pied d’un arbre. Notre guide nous explique qu’en fait, on est en train de chercher des traces fraîches de chimpanzés. Mais elle est un peu inquiète : généralement, il est assez aisé de les trouver en suivant leurs cris. Or ce matin, c’est le calme plat dans la forêt. On reprend donc notre marche, en s’arrêtant par ci par là pour en apprendre plus sur un arbre ou une grosse piscine de boue faite par un éléphant (pas très rassurant…). Toujours aucun bruit de primates dans les environs, on commence à se dire qu’on va faire partie des 2% de visiteurs qui repartent sans avoir vu les chimpanzés.
Et puis finalement, au détour d’un virage, on tombe nez-à-nez avec eux. Ils sont assis là, par terre, au milieu de la forêt. Certains se reposent, d’autres sont en train de s’épouiller. La ranger nous explique qu’on peut s’approcher des individus qu’on souhaite pour les prendre en photo. Je m’écarte alors du groupe pour aller vers un adulte allongé sur le côté. Je m’agenouille à quelques mètres de lui. Nos regards se croisent. Il est calme et m’accepte dans son environnement. C’est beaucoup trop d’émotions pour moi, quelques larmes coulent sur mes joues et les premières photos sont complètement ratées !
Une heure hors du temps
Après quelques minutes, les autres groupes de touristes (qui ont été prévenus par talkie-walkie) nous rejoignent. Il semblerait que cela fasse un peu trop de monde et d’agitation autour d’eux car nos amis chimpanzés se lèvent et commencent à s’enfoncer dans la forêt. Nous les suivons, autant que possible. La végétation est assez dense et il n’y a plus de chemin. Ils sont tellement à l’aise dans cet environnement… Nous, beaucoup moins !
Finalement, les quelques spécimens que nous suivions tant bien que mal finissent par rejoindre le reste de leur colonie. Il y a maintenant un trentaine de chimpanzés plus ou moins haut perchés dans les arbres, dans un rayon d’une centaine de mètres autour de nous ! Ils sont très actifs et n’arrêtent pas de sauter d’arbres en arbres. On se demande parfois s’ils maitrisent vraiment ce qu’ils font ! On aperçoit de nombreux bébés sur le dos de leurs mères et à de nombreuses reprises, les chimpanzés communiquent entre eux. Quelle incroyable sensation lorsque la forêt se remplit de leurs cris. Ils sont partout autour de nous. On se sent vraiment privilégiés ! Les rangers nous laissent nous déplacer librement pour pouvoir observer (et photographier) différentes situations sous différents angles.
Justement, en ce qui concerne la photographie, les conditions ne sont pas vraiment faciles. On est dans une forêt : les rayons du soleil percent au travers de certains feuillages (mais pas tous !), ce qui rend les images difficiles à exposer. On manque un peu de lumière pour prendre les chimpanzés qui sont au sol alors que ce qui sont en haut des arbres sont en contrejour. Et la végétation est dense : il y a toujours une branche ou une feuille qui, non contente de se mettre en travers de notre sujet, fait patiner l’autofocus de l’appareil. Alors on est dynamiques, on n’hésite pas à se déplacer, on change les réglages à la volée pour essayer d’obtenir de belles images. In fine, je pense qu’on ne s’en est pas trop mal sortis…
Je n’ai pas réussi à voir ce que ce petit polisson attrapait dans le tronc mais en tout cas, il avait l’air de se régaler !
Malheureusement pour nous, la règle est claire. A partir du moment où on les a trouvés, nous ne pouvons passer qu’une heure avec les chimpanzés, pas une minute de plus. C’est donc avec un petit pincement au cœur que nous devons les laisser à leur vie d’animaux sauvages. Un jeune perché en haut d’un arbre nous regarde partir…
A ce moment là, on n’a absolument aucune idée de la direction à prendre pour rentrer, ce qui amuse nos rangers guides. Nous faisons de nouveaux quelques arrêts sur le chemin du retour pour découvrir quelques plantes que les chimpanzés utilisent parfois pour se soigner. Je sais pas vous, mais moi ça me laisse sacrément rêveur de me dire qu’un animal sauvage est capable de reconnaitre une plante et de s’en appliquer la sève sur une plaie pour stopper les saignements…
Les autres primates
A notre retour du trek, nous avons eu la chance de voir plusieurs espèces de singes dans les environs immédiats du centre des visiteurs. En tout, en comptant les chimpanzés, on a pu observer 5 espèces différentes à Kibale. On est loin de 13 espèces que compte le parc, mais on doit avouer qu’on en était déjà ravis !
Colobe guéréza
Colobe bai d’Afrique centrale
Cercopithèque ascagne
Babouin anubis
Infos pratiques
Le permis
Le trek aux chimpanzés, comme le trek aux gorilles, nécessite un permis. Le mot « permis » est celui utilisé par l’Uganda Wildlife Authority (UWA) mais en fait, c’est juste l’inscription à l’activité. En décembre 2018, il nous a coûté 150$. Cette somme est non négligeable mais elle servira la bonne cause puisqu’une grande partie permettra de protéger les chimpanzés et leur environnement. Les efforts de conservation prennent différentes formes mais la plus importante reste l’éducation des populations. D’une part pour qu’ils comprennent pourquoi il est important de sauvegarder les espèces et d’autre part pour leur donner accès aux métiers de l’industrie du tourisme créés grâce à la présence d’animaux sauvages dans la région. C’est un cercle vertueux que nous a longuement expliqué David, notre chauffeur guide et ancien employé d’UWA.
D’un point de vue pratique, comme on s’est offerts les services d’une agence pour ce voyage, c’est elle qui s’est occupée de réserver les permis pour nous.
L’équipement
L’activité s’appelle « Trek aux chimpanzés » mais bon, on n’est pas non plus en train de partir pour un trek de plusieurs jours avec nuit en refuge et tout le tralala ! C’est une activité à la demi-journée et il faut donc prévoir de marcher environ 3 heures. Mais même si on a trouvé ça plutôt facile, on était quand même bien contents d’être équipés correctement. Premièrement, et ça semble évident, il faut de vraies chaussures de randonnée. Le terrain n’est pas super plat et la végétation parfois dense, surtout quand on n’est plus sur le sentier pour suivre les chimpanzés. Ensuite, il faut prévoir des chaussettes hautes pour pouvoir y glisser son pantalon. Les forêts ougandaises sont pleines de fourmis rouges qui n’attendent qu’une chose : nous croquer ! L’imperméable est doublement utile. Il permettra dans tous les cas de se protéger de la pluie chaude (les pipis des chimpanzés !) mais aussi de la pluie froide (qui peut arriver vraiment rapidement, on l’a appris à nos dépends…). Enfin, il est bien entendu impensable de partir sans eau (au minimum 1 litre et demi par personne).
On remercie encore une fois l’inévitable Matou pour avoir immortalisé les coulisses de nos photos et pour nous avoir autorisés à publier cette image ici
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