À la recherche des tigres en Inde centrale
« Nous, en Inde ? Impossible, on ne mettra jamais les pieds dans ce pays ! »Ça, c’était nous, avant. Et puis une opportunité de partir en Inde centrale s’est présentée. Le programme prévoyait d’aller à la recherche des tigres du Bengale et d’espérer observer les étonnants ours lippus (oui oui, je parle de Baloo là !). Alors on s’est laissés tenter parce qu’après tout, ça a parfois du bon de sortir de sa zone de confort. En pleine épidémie mondiale de Covid-19, entre annulations de vols et mesures prises quasi quotidiennement par le gouvernement indien, le voyage n’a pas toujours été tendre avec nos nerfs. Alors attachez vos ceintures, c’est parti pour le récit de ces quelques jours inoubliables…
Situation géographique
Avant de nous lancer dans le vif du sujet, un petit point pour nous situer sur la carte. Je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer où se trouve l’Inde. Par contre je peux vous dire que notre vol international nous a emmenés à Delhi où nous avons passé une journée avant de prendre un vol intérieur. Tout le reste de cette aventure s’est déroulé en plein milieu du pays, entre les villes de Nagpur et de Jabalpur.
Jour 1 : Arrivée à New Delhi
Nous arrivons à l’aéroport de New Delhi tôt. À cause de l’épidémie mondiale de Covid-19, on nous prend la température avant de nous tamponner nos passeports. Le représentant de l’agence de voyage est tout heureux de nous voir. En effet, il nous apprend que le gouvernement indien a décidé dans la nuit de fermer ses frontières à toutes les personnes en provenance de France, Allemagne et Espagne. Trois heures plus tard, il reçoit un coup de fil : un groupe de 30 français qui est arrivé seulement 1h après nous a été bloqué à la frontière et renvoyé en France. Nous avons été chanceux… J’espère que cette chance va continuer de nous sourire et que nous allons observer plein d’animaux !
Pour notre premier jour en Inde, le programme est plutôt léger pour nous laisser le temps de nous acclimater et de nous remettre du décalage horaire. Après une bonne douche à l’hôtel, on embarque donc dans un taxi, direction le vieux Delhi pour une visite à pieds.
Old Delhi
On commence par découvrir Jama Masjid, plus grande mosquée du pays, pouvant accueillir jusqu’à 25 000 fidèles. Et nous partons ensuite dans un dédale de ruelles (très) encombrées. Marché aux bijoux, marché des mariages, marché des épices… Il y en a dans tous les sens et de toutes les couleurs. En Hindi, marché se dit « bazar ». On comprend d’où vient le sens de ce mot en français ! Notre anecdote préférée concerne les 7 piments et le citron qu’on trouve pendus devant chaque magasin. Il paraît que c’est le repas préféré du diable… Comme ça si jamais il est de passage, son attention est détournée par ces mets de choix, il les mange et repart sans entrer dans le magasin. Habile !
Nuit au Lemon Tree Premier.
Jama Masjid, plus grande mosquée d’Inde
Bazar du Old Delhi
Street food
Des piments pour le diable !
Jour 2 : Direction Nagpur
C’est le moment de rejoindre le centre du pays où se trouvent les quatre parcs nationaux que nous allons explorer. Nous repartons donc de bon matin pour l’aéroport de Delhi, mais au terminal domestique cette fois-ci. On embarque pour le vol IndiGo à destination de Nagpur, « petite » ville dont on n’avait jamais entendu parler mais dans laquelle vivent 2,5 millions d’habitants… Chose qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie : mon sac à dos est le premier à sortir sur le tapis bagage ! Nous retrouvons ensuite notre chauffeur et, 3 heures de route plus tard, nous arrivons à Tadoba. Nous sommes accueillis au lodge par la naturaliste qui nous accompagnera lors de nos deux journées de safari ici. On profite de la fin de journée pour se reposer car demain, la journée va commencer très très tôt…
Nuit au Red Earth Tadoba.
Jour 3 : Full-day safari à Tadoba
Le parc national Tadoba est réputé pour sa forte concentration de tigres du Bengale. Il ne faut pas en perdre une miette ! Réveil donc à 4h00 pour un départ à 4h15. Il y a une heure et demie de route pour rejoindre la zone du parc national de Tadoba dans laquelle nous allons passer la journée. Arrivés à la Moharli Gate, nous retrouvons un chauffeur et un guide. On monte à bord de la voiture et c’est parti ! Il fait encore nuit et froid, le parc est plongé dans la brume. Une atmosphère incroyable ! On croise quelques cerfs axis et on tombe sur un rapace qui essaie de défendre tant bien que mal son petit-déjeuner : un poisson presque aussi gros que lui !Assez rapidement, on aperçoit un gros attroupement de véhicules près d’un point d’eau. De l’autre côté (à un bon 500 mètres) se trouve un tigre en train de dormir. On prend quelques photos quand il fait mine de se lever mais on décide de le laisser à son sommeil pour aller voir un autre plan d’eau. On est sur les traces d’une femelle très célèbre qui répond au doux nom de Maya. On va repasser plein de fois par ici dans la journée mais sans succès. Quand nous retournons voir le premier tigre, il a disparu : il s’est déplacé à un autre point d’eau une centaine de mètres plus loin. Il y est un peu plus proche et nous l’observons s’abreuver, ce qui est quand même plutôt cool !
Cerf axis au bord d’un lac
Pygargue à tête grise qui défend son énorme poisson…
Mais le poisson est trop loud pour s’envoler avec !
Tigre du Bengale
Une fois le tigre rendormi, nous partons explorer d’autres endroits du parc. Alors que nous sommes en train de zigzaguer dans une forêt assez dense, on tombe sur un ours lippu en train de manger les fruits tombés d’un arbre. Ces bêtes-là sont habituellement plutôt peureuses mais celui-ci est tellement occupé à boulotter qu’il nous ignore complètement. Le reste de la journée est surtout rempli de cerfs et d’oiseaux, avec notamment une chouette, des martins-pêcheurs et un beau tchitrec de paradis. De retour au lodge sous une pluie battante sur les coups de 20h, on est épuisés mais émerveillés de notre première journée de safari en Inde !
Nuit au Red Earth Tadoba.
Jeune semnopithèque entelle
Ours lippu en plein repas
Magnifique martin-pêcheur d’Europe
Jeune sambar et son drongo de compagnie
Maman cerf axis et ses deux petits affamés
Gaur, plus gros mammifère des forêts d’Inde
Discret toupaye d’Elliot
Chouette ocellée bien camouflée
Jour 4 : Safari dans le sud de Tadoba
Aujourd’hui, on n’a pas de permis professionnel. Ça veut dire qu’on ne peut pas passer la journée en continu dans le parc. On aura donc un safari de 6h à 10h et un safari de 14h30 à 18h30. Le matin, nous rentrons par la Zari Gate et nous tournons, nous virons, nous cherchons les traces de tigres mais ils ne se montrent pas. On croise la route de quelques gaurs et d’un paon bleu (un peu fou) en train d’essayer de séduire un coq en lui faisant la roue ! Alors que nous sommes en train de rouler à une allure plus soutenue pour rejoindre la sortie, deux ours lippus (une maman et son petit) surgissent du bas côté. La voiture leur a fait peur et ils partent en courant (et en grognant !) sur la route pendant une dizaine de secondes avant de disparaître dans les fourrés. La grosse déception : aucun de nous deux n’a réussi à immortaliser l’instant où la maman nous a regardés.
Le muntjac indien et sa drôle de tête
Des chauves-souris géantes d’Inde
Le paon bleu, oiseau national d’Inde
Maman ours lippu et son petit
Pendant la pause déjeuner, nous lisons nos e-mails et découvrons que notre vol retour pour la France est annulé. La compagnie aérienne que nous devions prendre ne desservira plus l’Inde d’ici-là. Le Covid-19 gagne du terrain partout dans le monde et certaines rumeurs disent que la France va entrer en confinement. Pour l’heure, la situation est plutôt calme en Inde. Nous ne nous laissons pas abattre et réservons un autre billet d’avion à la même date.
L’après-midi, nous nous rendons dans une zone du parc récemment ouverte au public, via la Mamla Gate. Le guide et le chauffeur qui nous accompagnent ne sont pas très motivés et il faut qu’on se débrouille à débusquer nous-mêmes les quelques oiseaux que nous croisons. Alors que nous sommes un peu dépités de n’avoir observé aucun mammifère depuis trois heures, le chauffeur pile : il y a un ours lippu sur le chemin perpendiculaire ! Malheureusement, il s’échappe tellement rapidement que le temps que je lève mon appareil photo, il avait déjà disparu dans la forêt. C’est assez incroyable car habituellement, les tigres sont plus facilement observés que les ours. En ce qui nous concerne on a réussi le coup du chapeau ! Trois sur trois !
Nuit au Red Earth Tadoba.
Parce qu’un tel nom ne s’invente pas, voici un drongo à raquettes. Mon oiseau préféré du voyage <3
Jour 5 : Transfert vers Pench
Journée de transfert : nous quittons Tadoba pour rejoindre Pench. Il paraît que c’est un fait divers qui s’est déroulé dans ce parc qui aurait inspiré l’histoire du Livre de la jungle. En Inde, la limite de vitesse est de 80km/h, même sur les « autoroutes ». Alors même si le kilométrage n’est pas très élevé, se déplacer prend du temps. Nous arrivons au lodge pour le déjeuner. L’après-midi est ensuite libre et nous en profitons pour nous promener dans le camp à la recherche des oiseaux qui y vivent. C’est une bonne idée : nous trouvons des tchitrecs de paradis et leur loooooooongue queue !
Tchitrec de paradis
Témia vagabonde
Bulbul à ventre rouge
Notre bungalow
Cratérope de brousse
Nous allons également nous renseigner à la réception pour aller faire un tour à pied dans l’écoparc adjacent. Le monsieur nous explique que c’est possible et il rajoute que leurs pièges photographiques y ont déjà photographié des tigres ou des léopards la nuit. Après l’épisode des rhinocéros au Zimbabwe, on préfère ne pas prendre le risque de nous mettre dans une nouvelle situation non maîtrisée et on décide de rester au camp.
Nuit au Pench Jungle Camp.
Jour 6 : Découverte de Pench
C’est parti pour notre première journée à Pench dans le secteur de Turia Gate. Tout comme à Tadoba, la journée sera articulée en un safari le matin et un l’après-midi. Quand on rentre dans le parc, on est tout de suite frappés par la beauté de la forêt. La lumière matinale rend l’atmosphère légèrement mystérieuse. Nous nous arrêtons net quand Pat, notre guide naturaliste, entend le cri d’alarme d’un cerf axis. Tout un groupe est tourné dans la même direction. Le chauffeur coupe le moteur, on entend un tigre râler au loin. Avec un peu de patience (et grâce à l’expérience de Pat), c’est une jeune tigresse qui finit par se montrer. Elle avance tranquillement au milieu des arbres et tout à coup, traverse la route en courant, juste devant nous ! Elle semble encore très méfiante des voitures et nous regarde un long moment alors qu’elle s’éloigne. Nous reprenons la route et croisons bon nombre de chacals qui semblent tous très occupés dans leur routine matinale ! Juste avant le petit-déjeuner, nous nous arrêtons quelques instants au bord de la rivière Pench. Il y a beaucoup d’activités d’oiseaux par ici.
Petit macaque rhésus
Jeune tigresse
Chacal doré…
Un vrai petit chien !
Tadorne casarca
Sterne de rivière
Spatule blanche
Nous faisons ensuite une pause bien méritée sur une aire aménagée du parc. L’occasion de se dégourdir un peu les jambes, de faire le plein d’énergie, et surtout de faire un selfie avec Mowgli, véritable symbole de Pench !
Alors que nous continuons d’explorer la forêt, nous tombons sur trois rangers du parc national à dos d’éléphants. Ce moyen de transport leur permet de circuler plus facilement au travers des arbres et de mieux surveiller l’activité des différents animaux (qui ont moins peur des éléphants que des humains). Mais ces éléphants font déplacer les groupes de cerfs axis et une tigresse l’a bien compris ! Nous l’apercevons tapie au sol avant de disparaître pour réapparaitre quelques secondes plus tard en train de pourchasser l’un d’eux. La chasse étant un échec, elle se met à marcher vers nous et traverse la route à moins d’un mètre derrière notre véhicule. Un moment exceptionnel !
Eléphant d’Asie
Célèbre tigresse de Pench, âgée de 16 ans, connue pour avoir donné naissance à 30 petits (dont 29 ont survécu). Un record mondial paraît-il !
Nous sommes à peine repartis que les guides détectent la présence d’un autre tigre quelques kilomètres plus loin. Le pelage de ces félins les rend vraiment très difficiles à distinguer parmi la dense végétation et les feuilles au sol. Mais les guides ont l’œil ! Il s’agit cette fois d’un jeune mâle de trois ans qui marche en direction de la piste. En dépit des voitures, il traverse calmement avant de s’enfoncer dans la forêt.
Jeune tigre mâle
« Je peux vous aider ? »
Clic clic clic clic !
Après la pause déjeuner au lodge, nous reprenons la route pour le safari d’après-midi. La forêt est toujours aussi belle mais elle est très calme. Il est encore un peu tôt pour espérer voir des félins. Heureusement, oiseaux et cerfs axis sont eux toujours là pour nous occuper. Sans parler des semnopithèques entelles qui nous régalent de poses insolites.
Un coloré rollier indien
Sanglier d’Eurasie à la recherche de son repas
On croise finalement une autre voiture et le chauffeur nous dit qu’il vient de voir des chiens sauvages…! Ni une ni deux, nous allons à l’endroit indiqué. On aperçoit au loin les chiens en train de se déplacer dans la forêt. On les perd ensuite de vue. Il réapparaissent quelques minutes plus tard proches de la route, sur laquelle il se mettent à marcher. Après quelques dizaines de mètres, ils décident de prendre une pause et s’arrêtent au bord de la piste. Autant vous dire qu’avec tout ça, Alexandra est au paradis !
Les chiens sauvages d’Asie appelés dholes
Les dholes repartent finalement et nous terminons notre après-midi safari dans une belle lumière dorée. Juste avant de quitter le parc, nous dénichons une mangouste dans un arbre. Pat est très surpris, il n’avais jamais vu ça en 16 ans d’expérience. Il y a fort à parier que cette petit coquine soit montée se régaler de quelques œufs laissés dans les nids.
Nuit au Pench Jungle Camp.
Mangouste roussâtre gourmande
Discret pic du Bengale
Jour 7 : Full-day safari à Pench
Aujourd’hui, c’est full-day safari à Pench, dans le même secteur que la veille. Nous rentrons donc dans le parc avant tout le monde et en même temps qu’une équipe de tournage Disney Nature. Une demi-heure plus tard, alors que nos appareils photos sont encore un peu aveugles, on tombe sur le premier tigre de la journée. Un jeune mâle en train de patrouiller son territoire, de marquer quelques arbres et qui nous offre de belles opportunités de photos. Dix minutes plus tard, nous tombons sur un énorme attroupement de voitures. Ils ont observé une mère avec ses trois petits et l’un d’eux s’est retrouvé coincé à cause des véhicules. Il est tout effrayé, on n’aime pas trop la situation. Nous nous arrêtons un peu à l’écart. Le jeune tigre (un mâle d’environ 15 mois) marche dans notre direction et réussit à traverser la piste à quelques mètres derrière nous. Il appelle sa mère avec un miaulement trop mignon et disparaît dans la jungle.
Jeune tigre mâle
Chacal doré
Sambar
Antilope Nilgaut
Petit tigre mâle
Alors que nous sommes complètement déconnectés du monde extérieur, le téléphone de notre guide sonne. Notre agence de voyage nous demande de contacter immédiatement l’ambassade de France en Inde. La mauvaise nouvelle Covid-19 du jour, c’est que les vols reliant la France et l’Inde vont être de plus en plus réduits dans les jours à venir, jusqu’à tous être annulés. La bonne nouvelle, c’est que pour l’instant notre vol est maintenu… Mais jusqu’à quand ?
Nous passons ensuite la journée à nous promener, seuls dans le parc. On en profite pour regarder les oiseaux et photographier singes et chacals. En fin d’après-midi, les cris de détresse des cerfs axis nous mettent de nouveau sur la piste d’un tigre. Avec beaucoup de patience (on parle de dizaines de minutes d’attente…), c’est une tigresse qui finit par se montrer. Elle aussi est en train de patrouiller et de marquer son territoire. Nous la suivons (de plus ou moins loin) pendant un bon moment avant qu’elle ne disparaisse dans la végétation trop dense. La fin de journée est marquée par l’hystérie collective d’une dizaine de véhicules parce qu’un tigre a été aperçu dans un fossé plein de broussailles. Nous l’apercevons brièvement nous aussi mais sans pouvoir le prendre en photo.
Nuit au Pench Jungle Camp.
Jeune femelle tigre
Coucher de soleil sur le parc
« Tiger, Tiger, Tiger ! »
« Ils sont fous ces humains ! »
Jour 8 : Transfert vers Kanha
C’est reparti pour un nouveau transfert ! Direction le parc national Kanha et sa rare population de cerfs des marais (également appelés barasinghas), véritable fierté du parc. Il paraît que les forêts là-bas rappellent les décors du Livre de la Jungle de Disney. Nous sommes impatients d’être au lendemain. En attendant, nous avons de la route devant nous et ce n’est pas le même chauffeur qui nous prend en charge aujourd’hui. Celui-ci ne parle pas très bien anglais et est un peu excité du klaxon.
Après 4h30 de route, nous arrivons au Serenity où nous sommes accueillis par l’équipe du lodge. Ici, le personnel porte des masques pour se protéger du Covid-19 et on nous remet du gel hydroalcoolique. On sent que la pression de l’épidémie s’intensifie de jour en jour dans le monde et on espère qu’elle ne va pas trop vite nous rattraper. On a ensuite droit à un chouette rituel de bienvenue au cours duquel on nous donne un beau collier de fleurs et un petit coup de poudre jaune sur le front. Est-ce que c’est du curcuma ? Du colorant comme pour Holi ? On ne le sait pas mais on n’a pas l’air très malin.
On profite ensuite de l’après-midi pour faire le point sur notre situation par rapport à la crise sanitaire. L’ambassade de France nous recommande de ne pas changer nos billets d’avion. Apparemment nous sommes déjà chanceux d’en avoir… On se repose donc un peu avant le full-day safari de demain.
Nuit au Serenity Jungle Retreat.
Jour 9 : Full-day safari à Kanha
Il fait encore noir quand nous pénétrons dans le parc. Au fur et à mesure que le jour se lève, les paysages se dévoilent. Nous sommes absolument bouche bée. La forêt est encore plus belle qu’à Pench ! Nous roulons dans de grandes allées bordées d’arbres immenses et nous longeons de nombreuses plaines et étangs encore couverts de la brume matinale. Des silhouettes d’animaux se dessinent, on aperçoit nos premiers barasinghas. Il ne faut ensuite pas longtemps pour trouver notre premier tigre. C’est le mâle dominant du secteur. Et ça se voit : c’est un très gros tigre qui dégage un sensation de puissance et de sérénité assez incroyable !
Voici « T30 », surnommé Umarpani Male, âgé de 10 ans. Il est l’un des plus gros mâles de Kanha.
On est ensuite rapidement impressionnés par la capacité de nos guides à nous débusquer tous types d’oiseaux et en particulier de chouettes qui sont pourtant complètement camouflées grâce à leur plumage. Le deuxième tigre que nous rencontrons aujourd’hui est une femelle qui a actuellement trois petits de 9 mois. Malheureusement pour nous, elle est seule en train de patrouiller son territoire quand nous la croisons. Mais elle nous offre quand même de très belles opportunités de photos.
Petit-duc indien
On a trouvé Bambi !
Guêpiers d’Orient
« T27 », appelée Dhawajhandi Female, est une tigresse âgée de 8 ans.
Peu avant le déjeuner, on tombe sur des charognards occupés sur un reste de carcasse. Il y a des vautours, des corbeaux et des petits chacals qui s’affrontent tous pour avoir chacun leur part du gâteau. Le genre de scène devant laquelle on pourrait rester des heures.
Combat de vautours chaugouns
Petit chacal doré très inquiet
Dans l’après-midi, nous roulons beaucoup à travers le parc. Les paysages changent énormément d’un endroit à l’autre. Impossible de débusquer un léopard dans la partie rocailleuse de la forêt. En revanche, dans les plaines on retrouve les fameux barasinghas ! Ils sont les pattes dans l’eau, en train de manger des herbes. Leur physique me rappelle les cobes à croissant d’Afrique. Une petite averse nous oblige ensuite à enfiler des ponchos car les voitures n’ont pas de toît ! Mais le sol mouillé est un avantage, ça aide nos guides à mieux surveiller les empreintes fraîches de tigres au sol.
Empreinte de tigre
Cerf des marais ou Barasingha
Après quelques heures très calmes, on entend des cris d’alerte de cerfs axis et des grognements lointains. Le chauffeur parvient à parfaitement nous positionner quelques secondes avant qu’un tigre ne sorte de la forêt ! Après être passé devant nous et nous avoir longuement observés, il disparaît dans la végétation. On n’abandonne pas et on se positionne le long de la clairière adjacente. Les cerfs axis sont en état d’alerte maximal et fuient. Notre tigre réapparaît finalement, couché sur un rocher tel le Roi Lion ! Waouh !
En fin de journée, nous revenons dans la plus belle partie du parc, là où nous avions vu les deux tigres en début de journée. Il y a tout un groupe de véhicules attroupés. Ils ont aperçu la femelle de ce matin, mais avec ses petits cette fois ! Malheureusement, nous n’arrivons pas à les trouver avant de devoir quitter le parc.
Nuit au Serenity Jungle Retreat.
Malheureusement, nos guides n’ont pas réussi à identifier ce tigre…
The End
Jour 10 : Fin brutale
Nous sommes rattrapés par l’épidémie mondiale de Covid-19. L’état a décidé de fermer ses parcs nationaux et les vols internationaux devraient être interdits dans 48 heures. Mais une fois de plus, impossible d’avoir des informations complètement fiables. Les compagnies aériennes ont du mal à savoir quels vols pourront être assurés. Dans tous les cas, nous devons annuler la fin du séjour (une deuxième journée à Kanha et deux jours à Bandavgarh) et retourner au plus vite à Delhi pour rentrer à Paris sur le premier vol disponible.On doit dire un grand merci à Air France d’avoir continué d’opérer des vols et de nous avoir ramenés à la maison !
Un bilan ?
Le lodge dans lequel nous avons commencé notre séjour à Tadoba était mal choisi et les deux journées de safari que nous y avons passées ont été en demi-teinte en comparaison des suivantes. Mais la suite du séjour a été absolument fabuleuse. Nous anticipions avec beaucoup d’excitation les trois derniers jours de safaris. Ils promettaient d’être au moins aussi excitants que les trois précédents.
Alors c’est sûr qu’on reste un peu sur notre faim. Mais ce n’est pas grave. Nous avons découvert que le safari est possible ailleurs qu’en Afrique. Et en Inde, il se vit dans des forêts qui sont aussi magnifiques qu’apaisantes. Alors on reviendra parce que même si elle ne dépassera pas celle qu’on a pour l’Afrique, on s’est trouvés une nouvelle passion !
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Bonjour à tous les deux,
Merci pour ces belles photos et ce réci et désolée que votre voyage ait été écourté.
Combien de jours aviez-vous prévu au départ pour ce voyage ?
Avez-vous organisé votre voyage seuls ou est-ce une agence qui vous a aidé ?
Merci et bonne journée
Hello Marion !
Ça fait plaisir de te voir passer par ici !
À la base nous avions prévu de passer 14 jours sur place, avec 8 jours de safari (2 à Tadoba, 2 à Pench, 2 à Kanha et 2 à Bandhavgarh). On a donc surtout perdu 3 jours de safari dans cette histoire. Mais on préfère regarder le verre à moitié plein : on a eu la chance de faire 5 jours !
On n’avait rien organisé nous-même, c’est le circuit « Safari Tigre Pro » de l’agence Objectif Nature (spécialisée dans les voyages animaliers) que l’on a réalisé juste tous les deux (sans accompagnateur).
Passe le bonjour à Ben aussi et je vous dis à bientôt peut-être…
Bonjour.
Super article. J’adore votre blog et vos voyages.
Petite question avec quelle agence êtes vous parti ? Quel été le budget ? Merci à vous
Bonjour Sandra !
Merci pour ce gentil commentaire, ça nous touche beaucoup.
C’est l’agence Objectif Nature qui a organisé ce séjour pour nous (« Safari Tigre Pro »). C’était un gros budget : environ 5000€ par personne pour 14 jours sur place. De ce que nous ont expliqué les guides locaux, ce sont les permis professionnels (Full day safaris) qui coûtent très cher.
Merci Mathieu pour ta réponse. J’ai découvert une autre facette de l’Inde !
C’est toujours un plaisir de vous lire et d’admirer vos photos ! On espère que vous allez bien tous les deux et avons hâte de découvrir vos prochaines aventures 😉
Super. Merci beaucoup pour la réponse.
Effectivement gros budget. Je vais aller regarder leur site.
Merci et bonne continuation.
Hate de voir vos futurs destinations!!!!!
Bonjour vous deux,
Vos retours sont comme toujours passionnants et extrêmement collés à la réalité du terrain come j’avais pu m’en apercevoir sur votre blog voyage Kruger ( que je connais assez bien).
Je suis assez axé Afrique et suis en train de lister les possibilités en Namibie et Zimbabwe.
Concernant l’Inde si vous deviez le refaire quel serait votre itinéraire ( quels parcs et lodges en particulier )?
Bonne route pour vos prochaines expé. La mienne risque d’être Equateur Galápagos en janvier.
Bonjour Dominique,
Merci beaucoup pour ton retour positif qui nous touche beaucoup. On s’efforce toujours de coller à la réalité comme tu le dis afin de vous aider au maximum dans la préparation d’un voyage.
Concernant l’Inde, comme tu as pu le lire, notre voyage avait malheureusement été écourté par la crise sanitaire. Donc si nous devions y retourner, nous aimerions finir ce que nous avions commencé en profitant un peu plus du parc de Kanha qui était magnifique mais aussi en visitant (enfin) Bandhavgarh. Tous les deux sont situés dans le centre du pays. Finalement notre itinéraire réunissant ces deux parcs à ceux de Pench et Tadoba était bien : les observations de tigres étaient nombreuses à Pench et Tadoba nous a offert de belles rencontres avec les ours lippus 🙂 Les lodges dans lesquels nous étions logés étaient très bien et nous les recommandons sans soucis.
Sinon une autre option qui nous plairait beaucoup serait de partir dans le sud de l’Inde pour loger au Bison Resort, situé à proximité de deux parcs nationaux. Tu pourras découvrir cet endroit au travers d’un photographe très talentueux, Shaaz Jung.
On te souhaite de belles aventures à venir ! Les Galápagos doivent être incroyables !