Organisation et budget d’un safari au Zimbabwe
On ne part pas faire du camping en self-drive au Zimbabwe à la légère. C’est un voyage qui demande de la préparation pour ne pas être pris au dépourvu une fois sur place. Si vous avez lu le récit de notre séjour, vous savez déjà que nous y avons vécu une aventure mémorable. Alors pour que vous sachiez à quoi vous attendre et vous aider à préparer votre voyage, on a compilé ici tout plein d’informations qui sont le fruit de notre expérience. Si jamais vous avez toujours des questions après avoir lu cet article, n’hésitez pas à nous les poser en commentaire !
Louer un 4×4 au Zimbabwe
Choisir son loueur
Nous avons choisi de ne pas louer notre 4×4 au Zimbabwe. Les retours que nous en avions sur internet nous ont fait un peu peur : véhicules assez vieux et en état très moyen. Deux options se sont alors offertes à nous :
- Kasane, au Botswana. La ville se trouve à seulement 1h de route de Victoria Falls au Zimbabwe. Deux français y ont créé Tawana self-drive. Leur site internet est super, on y trouve plein d’infos intéressantes. Mais les tarifs des vols et de la location sont assez élevés.
- Johannesbourg, en Afrique du Sud. Là on parle plutôt de minimum 6h de route jusqu’à la frontière à Beitbridge mais les vols depuis la France sont directs et beaucoup moins chers. Le loueur que nous avions trouvé, Bushlore, aussi.
Choisir son 4×4
En Afrique, Toyota est roi ! Les Hilux et les Land Cruiser sont partout. Du coup, pour nous ils sont devenus synonymes de robustesse et de fiabilité. Mais comment choisir entre les deux ?
- avantage de l’Hilux : un double réservoir d’essence,
- avantage du Land Cruiser : une plus grande hauteur de franchissement.
Sachant que le Zimbabwe n’est pas une destination compliquée en terme de conduite 4×4 (les pistes ne sont pas en si mauvais état, on ne roule pas non plus dans du sable profond comme au Botswana) et que l’essence y est une denrée rare, le Toyota Hilux était donc notre meilleure option.
Sur les pistes de Hwange
Les équipements 4×4 indispensables au Zimbabwe
Parce qu’un road-trip au Zimbabwe est synonyme d’aventures et que vous serez la plupart du temps livrés à vous-mêmes, au milieu du bush et sans personne pour vous aider, voici quelques équipements qui nous ont ou nous auraient bien sauvé la mise :
- de quoi se désembourber : une pelle, des échelles, un crick haut.
- deux roues de secours.
- une douche solaire car les campings n’ont pas toujours d’infrastructures (Zambezi, Chizarira, Kazuma Pan).
- deux réchauds à gaz. Le tuyau d’un de nos deux réchauds a pris feu à mi-séjour. Et si Mathieu n’avait pas joué les Mac Gyver, on aurait été bien contents d’en avoir un en secours.
- des jerry-cans pour avoir de l’essence de secours au cas où vous ne trouveriez pas d’essence. On ne s’en est finalement pas servis mais on a bien failli. Les avoir nous a bien rassurés.
- un téléphone satellite : pour être honnête, on n’en avait pas loué. Mais on l’a bien regretté ! Il faut savoir qu’au Zimbabwe, il n’y a quasiment jamais de réseau. Nos téléphones ne captaient pas en dehors des grandes villes. Et comme on voyageait de parc en parc, en cas de problème, on aurait été sacrément embêtés ! Et je pense qu’en dépit de toute la bonne volonté des locaux, ils n’auraient pas pu faire grand chose pour nous vu le niveau de pauvreté des villages que nous traversions…
- une bonne carte routière. On avait acheté l’atlas de Tracks4Africa qui est une mine d’informations. Et en complément on utilisait les cartes hors connexions de Google. Les parcs ont rarement des plans et même si Google Maps ne connaît pas toutes les pistes ou campings, il nous a souvent bien aidé à nous situer et à savoir si nous roulions dans la bonne direction.
Atlas Track4Africa
Douche avec vue à Chizarira
Tracks4Africa édite des plans papier et propose également une application GPS. Sur notre atlas, nous avions les informations de distances et surtout de temps de route correspondants, calculés à partir des données de vrais voyageurs. La carte est aussi très pratique pour savoir où se trouvent supermarchés, stations essence, péages… Même s’il faut toujours prendre avec précaution ce type d’informations susceptibles de changer rapidement, elles constituent une bonne base.
Nos conseils pour un self-drive au Zimbabwe
- Faire le plein d’essence dès que possible.
- Dégonfler un peu ses pneus pour rouler sur les pistes et encore plus si vous roulez dans le sable.
- Vérifier régulièrement les boulons de ses pneus. Avec les vibrations, ils se dessèrent et finissent par casser. Là peuvent commencer les ennuis !
- Si vous avez un double réservoir, il faudra veiller à le remplir doucement afin que l’ensemble se remplisse correctement. Autrement vous croirez repartir avec le plein mais n’en aurez en réalité qu’une partie.
Héron cendré à Mana Pools
Passer la frontière à Beitbridge
Beitbridge est un poste frontière situé sur le grand axe routier reliant l’Afrique du Sud au Zimbabwe. Il est ouvert 24h/24 et très fréquenté : camions, bus, voitures, piétons… C’est bien simple, il est surnommé ‘poste frontière de l’enfer’ sur de nombreux forums sud-africains ! Des collègues nous ont raconté avoir mis 7h pour passer de l’Afrique du Sud au Zimbabwe il y a quelques années. Et des zimbabwéens nous ont dit y avoir carrément dormi ! Autant dire que nous nous étions préparés au pire.
Côté sud-africain, les choses ne sont pas très bien indiquées et des petits escrocs essaient d’embobiner les touristes perdus en faisant mine de les aider. Mais la procédure n’est pas trop compliquée et nous avons réussi assez facilement à nous en sortir. Il vous faudra :
- faire tamponner le gate pass à la douane pour avoir le droit de faire sortir votre véhicule du territoire,
- faire tamponner vos passeports à l’immigration pour avoir le droit de sortir vous aussi,
- passer le contrôle de police (un monsieur super sympa dans notre cas) chargé de vérifier le véhicule.
Ensuite, il n’y a plus qu’à traverser le fameux pont qui enjambe la rivière Limpopo !
Ça barbotte !
Pour le côté zimbabwéen, nous avons fait appel à la Zimbabwe Tourist Authority (ZTA) qui propose un service gratuit d’aide au passage de la frontière pour les touristes. Nous les avons contactés quelques jours avant notre départ de France et nous avons été mis en contact avec une personne via Whatsapp. C’était Tapiwa. Nous lui avons d’abord communiqué nos informations de passeports, puis de véhicule une fois récupéré à Johannesbourg. Ensuite, en approchant de Beitbridge, nous l’avons appelé pour le prévenir de notre arrivée et Tapiwa est venu à notre rencontre ! Sapé comme jamais et avec des chaussures plus belles que toutes celles que Mathieu a jamais possédées !
Vu le nombre de petits escrocs qui rodent ici aussi, on était bien contents d’être accompagnés d’une personne de confiance. Ensuite, c’est parti pour les 12 travaux d’Astérix :
- on paye le péage du pont (9 US$),
- on paye nos visas (30 US$ chacun mais attention, le moindre billet un peu abîmé est refusé par les agents de l’immigration),
- une personne qui accompagnait Tapiwa gère notre CVG (Commercial Vehicle Guarantee, c’est en gros l’assurance locale du véhicule, qu’on doit acheter à un « agent » sur place),
- on fait la queue un peu n’importe comment pour valider notre TIP (Temporary Import Permit, c’est l’autorisation de rouler avec une véhicule étranger),
- on remplit un petit formulaire bleu qu’on va faire tamponner à une policière dans un bureau du bâtiment en face,
- la douane vérifie (très) rapidement notre véhicule (pas de fouille pour nous aujourd’hui).
Et c’est bon, on rentre enfin sur le territoire zimbabwéen !
Faire le plein d’essence au Zimbabwe
Au vu de la situation économique du Zimbabwe quand nous y sommes allés en novembre 2019, nous étions très inquiets. Les paiements en dollar américain n’étaient plus autorisés et il était compliqué de se procurer la nouvelle monnaie, le dollar zimbabwéen. A cela s’ajoutait des problèmes de pénurie d’essence. Les files d’attente devant chaque station étaient sans fin. Ce qui était fou, c’est que les gens faisaient parfois la queue à des stations vides et du coup, n’étaient même plus dans leur voiture. Ils étaient tout simplement positionnés pour quand la station serait à nouveau approvisionnée.
Petit bousier sur les pistes de Hwange
Bon finalement on vous rassure, on s’en est très bien sortis. Il nous a juste fallu un peu de patience. Et parler avec les gens qui sauront vous orienter. Voici les villes dans lesquelles nous avons trouvé du diesel :
- à Bulawayo : entre pénurie d’essence et coupures de courant, difficile de trouver une station pour nous servir. Mais après plusieurs essais infructueux, un monsieur nous en a finalement indiqué une qui acceptait même les US$ (Flo Petroleum). Victoire !
- à Victoria Falls, on a tenté une station Puma devant laquelle les gens faisaient la queue. Les pompistes ont été vachement sympas et ont pris sur eux en acceptant de nous laisser payer en US$ moyennant le taux de change qui leur convenait. Je pense qu’ils se prévoyaient en conséquence une commission mais on y a toujours été plutôt gagnant. C’était un win-win !
- à Hwange chez Glow Petroleum. On avait lu sur internet avant notre départ que la station acceptait les US$ et c’était toujours le cas !
- à Karoi chez Puma encore. Le pompiste a également eu pitié de nous et a pris nos US$.
- à Masvingo chez Total. Là bas, aucune négociation possible, ils ne voulaient pas nos US$. Mais l’un des employés a été super sympa et a fait venir un agent de change sur place qui nous a échangé le prix de notre plein en dollars zimbabwéens.
Dans certaines villes comme Karoi, les gens faisaient tous la queue pour l’essence mais il n’y avait personne à la pompe du diesel. Dans d’autres, c’était l’inverse ! Les locaux venaient parfois à la pompe avec la benne de leur pick-up remplie de jerry-cans. Ce qui n’aidait pas la situation chaotique. Du coup, la demande était tellement forte qu’il nous est arrivé de faire l’essence dans une station un jour et de la retrouver fermée quelques jours plus tard. On ne peut donc jamais savoir à quoi s’attendre !
Faire ses courses au Zimbabwe
Nous n’avions encore jamais fait nos courses dans un pays où la société de consommation n’est pas reine mais voilà, c’est fait ! Et c’est vachement moins appétissant mais beaucoup plus simple.
Déjà il faut oublier toutes vos marques préférées. Pas de petits biscuits Lu ou de pâtes Barilla. Je dois avouer que les gâteaux pour le goûter made in Zimbabwe sont loin de ce à quoi nous sommes habitués. Mais rassurez-vous le coca ne connait pas les frontières lui !
Beaucoup de produits auxquels nous sommes habitués sont également absents des étalages. Les goûts et besoins ne sont pas les mêmes au Zimbabwe. Et quand vous parvenez à trouver ce que vous voulez, c’est bien simple, il n’y a qu’une marque. Est-ce que vous visualisez l’allée remplie de sacs de riz identiques ?
En tout cas, en dépit de la crise économique, nous avons toujours pu payer avec nos cartes bancaires internationales dans les supermarchés Pick’n Pay. Je n’étais vraiment pas prête à jeûner ! Et comme nous avions commencé notre voyage en Afrique du Sud, on y avait fait le plein de bon nombres de produits secs ou à dates de péremption lointaines (pâtes, conserves, confiture, sopalin, éponge…). On avait aussi acheté beaucoup de bouteilles d’eau de 5L en cas de pénurie au Zimbabwe.
Pick’n Pay à Victoria Falls
Insécurité au Zimbabwe
Le Zimbabwe est le premier pays d’Afrique dans lequel nous nous sommes sentis pleinement en sécurité. Soyons clair, l’histoire du pays peut faire peur : des colons britanniques chassés et tués pour récupérer leurs terres dans les années 80 lors de la proclamation de l’indépendance du pays. On pourrait donc s’attendre à un certain racisme envers les blancs. Mais non, il n’y en a aucun. Nous étions bien souvent les seuls touristes et d’une manière plus générale les seuls blancs. Mais nous ne ressentions aucun malaise.
Bébés phacochères à Victoria Falls
La plupart des gens vivent dans une pauvreté extrême. Ils n’ont pas de moyens de transport et marchent des kilomètres sous un soleil tapant à 40°C. Ils manquent de nourriture, d’eau et avec la crise économique actuelle, se retrouvent à payer leur pain l’équivalent de 20 US$. Pourtant personne ne nous a dit en nous voyant passer « Give me your watch » ou « Give me your hat » comme ce fut le cas au Kenya et en Ouganda. Au contraire, les Zimbabwéens ont toujours été très respectueux de nous et nous remerciaient même de visiter leur pays (ils manquent cruellement de tourisme et donc de l’argent lié). On a même eu l’occasion d’en prendre quelques uns en stop sur des petites routes et tout s’est très bien passé.
Côté barrages de police, il était autrefois très difficile de se déplacer dans le pays sans être arrêté à tout bout de champs. Les policiers cherchaient la moindre excuse pour mettre une amende et le ressenti des touristes était très négatif. On vous confirme que tout ça est bien fini. Nous avons vu plusieurs barrages mais bien souvent, ils ne nous arrêtaient même pas. Et on n’a eu aucun PV !
Budget d’un safari au Zimbabwe
Nous sommes restés 20 jours au Zimbabwe (et en Afrique du Sud) et notre budget a été de 3 200€ / personne. Voici le détail de nos dépenses pour deux :
- les billets d’avion Paris – Johannesbourg : 1124€
- la location du 4×4 avec le max d’assurances et tout équipé camping : 2699€
- les pleins d’essence : 578€
- les courses au supermarché : 175€
- les nuits en camping : 998€
- les frais d’entrée dans les parcs : 442€
- les activités : 189€
- une rhino walk à Matopo = 40 US$
- une croisière sur le fleuve Zambèze = 73€
- la visite des chutes Victoria = 60 US$
- la visite du site Great Zimbabwe = 30 US$
- les dépenses diverses : 195€
- les visas = 60 US$
- les frais d’entrée au Zimbabwe à Beitbridge = 100 US$
- un petit souvenir au Painted Dog Conservation Centre pour soutenir les lycaons = 40 US$
- les cartes des parcs (quand elles existaient !) = 20 US$
Troupeau de zèbres à Hwange
Découvrez notre itinéraire
Itinéraire Zimbabwe #4 : de Gonarezhou à Mapungubwe
Suite et fin du road-trip au Zimbabwe avec la découverte de Gonarezhou et ses nombreux éléphants puis de Mapungubwe, petit parc national d’Afrique du Sud.
Itinéraire Zimbabwe #3 : de Chizarira à Mana Pools
Entre lionceau minuscule, embourbement, traversée de rivière et éléphants curieux, les parcs de Mana Pools et Chizarira nous réservent bien des surprises !
Itinéraire Zimbabwe #2 : de Hwange aux chutes Victoria
Le séjour se poursuit à Hwange avant de faire route vers le très isolé Kazuma Pan. On découvre enfin le fleuve Zambèze et les majestueuses chutes Victoria !
Itinéraire Zimbabwe #1 : de Beitbridge à Matopo
Première partie d’un séjour en camping et en self-drive au Zimbabwe. Après la frontière de Beitbridge, cap sur les rhinocéros, les lycaons et les lions…
Bonjour,
Votre site web est magnifique.
Je prépare un voyage au Zimbabwe en mai 2021.
J’aimerai savoir s’il faut réserver tous les camping des parcs et si oui, combien de temps à l’avance ?
Merci de votre aide.
Bonjour Pierre,
Merci pour votre gentil commentaire.
En ce qui concerne les campings des parcs au Zimbabwe, il n’y a dans l’absolu pas besoin de les réserver tant la demande est faible (nous n’avons jamais vu plus de trois emplacements de camping occupés…). Néanmoins, étant donné que la gestion de l’argent et des paiements est toujours un peu compliquée au Zimbabwe, nous vous recommandons de réserver à l’avance pour pouvoir payer en ligne avant le voyage. Il ne faudra pas s’y prendre au dernier moment car les délais de réponse des agents de Zimparks sont parfois un peu longs. À vue de nez, je dirais que quelque chose comme 2-3 mois à l’avance devrait suffire.
N’hésitez surtout pas à nous solliciter si vous avez d’autres questions.
Bonjour Matthieu,
Et merci pour l’info